1. |
Le Dormeur du Val
04:00
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Le Dormeur du Val
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
(Arthur Rimbaud, deuxième cahier de Douai, 1870)
The sleeper of the valley
It is a green hollow where a river sings,
Madly clinging to grass rags
Silver ; where the sun, from the proud mountain,
shines, it is a small valley foaming with rays.
A young soldier, mouth open, head bare,
And the neck bathed in fresh blue watercress,
Sleeps; he is lying in the grass, under the clouds,
Pale in his green bed where the light rains.
His feet in the gladioli, he sleeps. Smiling like
A sick child would smile, he takes a nap:
Nature, rock him warmly: he is cold.
Perfumes do not make his nostrils shiver;
He sleeps in the sun, his hand on his chest,
Calm. There are two red holes on the right side.
(Arthur Rimbaud, second notebook of Douai, 1870)
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2. |
Êtres Contraires
03:10
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Êtres Contraires
Visage livide, lèvres entr’ouvertes,
Les mots qui trahissent sont lourds de sens
Un silence impose un éveil total
Tout ce qui est mal empire
Ce qui est mal empire
Tout est sous contrôle, en sens contraire
Notre univers implose en un éclair
Hors de contrôle,
D’un multivers totalitaire naîtra un hiver nucléaire
Visage livide, lèvres entr’ouvertes,
Les mots s’évanouissent, n’ont plus de substance
Un silence expose au sommeil final
Tout ce qui est mal empire
Ce qui est mal empire...
Nos vies nous somment d’être contraires
Notre univers s’oppose aux solitaires
Hors de contrôle
D’un multivers totalitaire naîtra un hiver nucléaire
A George Orwell et Patrick McGoohan
Contrary beings
Livid face, parted lips,
The words that betray are heavy with meaning
A silence imposes a total awakening
Everything bad gets worse
What's wrong gets worse
Everything is under control, in the opposite direction
Our universe implodes in a flash
out of control,
From a totalitarian multiverse will be born a nuclear winter
Livid face, parted lips,
The words fade away, have no more substance
A silence exposes to final sleep
Everything bad gets worse
What is bad gets worse...
Our lives summon us to be contrary
Our universe opposes the lonely
Out of control
From a totalitarian multiverse will be born a nuclear winter
To George Orwell and Patrick McGoohan
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3. |
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Dit de la Force de l’Amour
(Paul Eluard)
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas
J’entends le feu parler en riant de tiédeur
J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé
Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d’être libre et je te continue
Copyright succession Paul Eluard 2023.
(poèmes politiques, 1947,Tome II, La Pléiade, Éditions Gallimard).
Avec l’aimable autorisation de Madame Claire S.
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4. |
Nos Visages de Glace
03:56
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Nos Visages de Glace
Ici les cœurs gèlent et se taisent
L’air asphyxie, fournaise obèse
La nuit nouvelle s’étoile d’hier
Temps d’agonies, qui s’en libère?
En un instant, il fait si froid
Plus de comment, plus (s) de pourquoi
Survient l’effroi, ombres de sang
Plus de pourquoi, plus (s) de comment
En surface les temps d’hiver brûlent
Quand on s’efface, il reste des traces
Nos visages de glace funambules
Reprennent la place des rêveurs sans âge
Au fond de moi en noir et blanc
Des passagers d’avant s’élèvent
Dans nos mémoires abandonnées
L’antichambre d’un futur:
Des femmes, des hommes prennent la relève
Au fond de moi en arc en ciel
De femmes et des hommes qui se lèvent
Dans nos mémoires retrouvées
Le murmure d’un futur
Ne fait plus d’ombre à nos rêves
Au fond de moi en noir et blanc
Des messagers d’avant nous rêvent
Au fond de moi en arc en ciel
De femmes et des hommes qui se lèvent
Nos visages de glace funambules
Reprennent la place des rêveurs sans âge.
Our faces of ice
Here hearts freeze and fall silent
The air suffocates, obese furnace
The new night is starred from yesterday
Time of agony, who is freed from it?
In an instant it's so cold
No more how, no more why
Comes the dread, shadows of blood
More why, more how
On the surface the winter weather is burning
When we fade away, traces remain
Our tightrope walker faces of ice
Reclaim the place of ageless dreamers
Inside me in black and white
Front passengers rise
/ Messengers before us dream
In our abandoned memories
The antechamber of a future:
Women, men take over
Deep inside me in rainbow
Of women and men who rise
In our rediscovered memories
The whisper of a future
No longer overshadows our dreams
Our tightrope walker faces of ice
Reclaim the place of ageless dreamers
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5. |
Chanson d'Automne
04:24
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Chanson d'Automne
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte
(Paul Verlaine, poèmes saturniens, 1902)
Autumn song
The long sobs
Violins
Of autumn
hurt my heart
Of a languor
Monotone
All suffocating
And pale, when
Strikes the hour,
I remember
old days
And I cry;
And I'm leaving
In the bad wind
who takes me away
Here, beyond,
Similar to
Dead leaf
(Paul Verlaine, Saturnian Poems, 1902)
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6. |
En Flammes
03:46
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En Flammes
Je suis d’ici sans être las
Mon corps se bat sans faire de bruit
Dormir un peu, rêver encore,
Défier la mort survivre heureux.
A l’ombre des ombres, j’ai tant appris,
Des âmes qui s’enflamment, la mort, la vie
Rien n’est vague au fond de mon âme
De nouvelles vagues en nouvelles vagues
Mon esprit jamais ne divague
Même si d’anciennes vagues résonnent
Au fond de mon âme, de mon âme.
A l’ombre des ombres, j’ai tant appris,
Des âmes qui s’enflamment, la mort, la vie
Au hasard des ruines, un cri d’alarme
Le froid des armes, la peur et le feu,
Loin du vacarme, des êtres hagards,
Errent en larmes un jour qui décline.
Naître en flammes, les sens en abîme,
A l’ombre des ombres, être indocile
D’une âme en flammes, j’ai tant appris,
A l’ombre des ombres, un bref sursis.
A mon père
In flames
I'm from here without being tired
My body fights silently
Sleep a little, dream again,
Defy death survive happy.
In the shadow of shadows, I learned so much,
Burning souls, death, life
Nothing is vague deep in my soul
New waves upon new waves
My mind never wanders
Even if ancient waves resound
Deep in my soul,
Of my soul.
In the shadow of shadows, I learned so much,
Burning souls, death, life
At random among the ruins, a cry of alarm
Cold guns fear and fire
Far from the din, from haggard beings,
Wander in tears on a declining day.
To be born in flames, the senses in abyss,
In the shadow of shadows, to be rebellious
From a burning soul, I learned so much,
In the shadow of shadows, a brief respite.
To my dad
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7. |
Soleils Couchants
03:17
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Soleils Couchants
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cœur qui s’oublie
Aux soleils couchants.
Et d’étranges rêves
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants, sur les grèves.
(Paul Verlaine, poèmes saturniens, 1902)
setting suns
A fading dawn
pours through the fields
Melancholy
Setting suns.
Melancholy
Rocks sweet songs
My forgotten heart
At setting suns.
And strange dreams
like suns
Sunsets, on the shores,
vermilion ghosts,
Parade without respite
Parade, the same
Has big suns
Sunsets on the shores.
(Paul Verlaine, Saturnian Poems, 1902)
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8. |
Dans l'Interminable
03:29
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Dans l’Interminable…
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
(Paul Verlaine, romances sans paroles VIII, 1902)
In the endless...
In the endless
boredom of the plain,
The uncertain snow
Glows like sand.
The sky is copper
Without any light,
One would believe to see living
And die the moon.
like clouds
Gray oaks float
Next forests
Among the fogs.
The sky is copper
Without any light.
One would believe to see living
And die the moon.
winded crow
And you skinny wolves
By these sour kisses
What happens to you?
In the endless
boredom of the plain,
The uncertain snow
Glows like sand.
(Paul Verlaine, Romances Without Words VIII, 1902)
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9. |
Clair de Lune (inst)
03:40
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Nice Cold Nation France
Nice Cold Nation is a Cold wave band. The themes approached are universal even if they come from the intimate and are
constantly renewed (loneliness, our finitude, love, fear, the relationship to the world...).
NcN offers an introspective journey, attempting to perceive reality in its essence and its effects.
The main theme today is "give peace a chance"...NcN is born in 2014.
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